Douleurs
L’instant d’après
« J’ai pris conscience des choses entre le moment où j’ai vu mon grand-père pour la dernière fois et le moment de sa mort»
Il y a une période à l’adolescence où l’on prend conscience des choses. Pour m’expliquer j’ai choisi de raconter deux enterrements. Lors du premier j’avais huit ans. Je ne ressentais aucune tristesse à l’époque, en fait je crois que je ne comprenais pas vraiment ce qu’il se passait, la mort c’était encore abstrait pour moi. Je prenais les choses à la légère, un peu comme un enfant. C’est au moment du deuxième enterrement que j’ai compris, j’avais douze ans. J’ai pris conscience des choses entre le moment où j’ai vu mon grand père pour la dernière fois et le moment de sa mort. Je me souviens qu’au moment de lui dire au revoir il m’a dit : « je t’embrasse fort parce que ce n’est pas sûr que… » Il n’a pas terminé sa phrase. A ce moment, je n’étais pas encore conscient que je n’allais jamais le revoir, je l’ai embrassé et je suis parti comme d’habitude sans me poser de questions. Ce n’est qu’après l’annonce de sa mort que j’ai enfin compris : j’étais devenu mature en quelque sorte. C’était douloureux contrairement à l’époque ou ma grand-mère est morte. L’idée de mort était plus concrète, je comprenais enfin que je n’allais jamais les revoir, eux deux.