Histoires de famille
Dédoublement de Personnalité
‘‘Vous avez la même vie tous les deux, nan ?’’
Anonyme, 10 avril 2014, 16h47
Il est presque toujours avec moi, nous ne sommes qu’un pour les autres, je le vois dans le miroir en me brossant les dents ! Moi, fou ? Non pas du tout, ce n’est pas une personne avec deux personnalités qu’il faut voir, mais deux personnes ressemblantes. Des monozygotes si vous préférez. Oui, d’accord, des jumeaux.
Mais au fil du temps je me suis mis à détester ce terme qui sert trop souvent d’alternative (très discrète) au prénom de mon frère ou du mien.
Pourquoi est-ce-que je tiens autant à mon prénom ? Parce que mon prénom, c’est moi ! Non, je ne suis pas un jumeau, j’ai un frère jumeau. Personne n’a envie d’être défini par ses frères et sœurs.
Enfin, avoir un prénom ça m’assure que l’on se souviendra un minimum (vraiment un minimum) de moi comme moi-même. En effet, la plupart des gens se souviennent de moi comme une approximation floue, une moyenne des souvenirs qu’ils ont de mon frère ou de moi.
Si bien que, plusieurs fois par jour, on me demande si c’est moi qui était là, ce-jour là, parce qu’on ne sait plus, on est désolé, on arrive jamais à s’en souvenir.
C’est difficile de ne pas avoir de prénom, donc pas de passé et de personnalité à soi, mais le pire, c’est surtout de se dire, qu’en tant que frères jumeaux, tout ce que l’on a le malheur de dire, ou de faire, sera invariablement associé à mon frère et à moi.
Si l’on a la folie de révéler quelque chose d’un tant soit peu secret, on peut être assuré qu’un jour ou l’autre l’attentif confident le dira sans même s’en rendre compte. Cela tient un peu à la confusion entre nous deux, mais surtout, les gens considèrent que comme nous sommes ‘‘la même personne’’, automatiquement, voire magiquement, nous savons tous ce que l’autre sait.
Mais le pire reste toujours le jeu des comparaisons, surtout depuis que le lycée, attentif, nous a mis dans la même classe malgré nos demandes. Être dans la même classe que son frère, c’est devoir à chaque contrôle, souffrir la comparaison. Ton frère a eu plus, ton frère a eu moins…
Mais surtout en tant que frères jumeaux, on s’habitue, on se résigne, on accepte de ne pas avoir de passé, on se retourne quand on se fait appeler par le nom de son frère, on dit aux gens que ce n’est pas grave, qu’on a l’habitude, on répond aux questions toujours identiques des nouveaux. Attendez, vous êtes jumeaux ? Oui. Comment on vous différencie ? Je sais pas. Placez-vous côtes à côtes ! Nan. Qui est né le premier ? Mais enfin, en quoi c’est intéressant ? Euh… désolé, moi. C’est cool d’avoir un jumeau ? Parfois oui, parfois non. Vous vous êtes déjà fait passer l’un pour l’autre ? Non.
Ce dont il faut se souvenir, c’est que mon frère en lui-même n’est pas un problème au contraire, non, l’Enfer c’est les autres.
P.S. Sérieusement, pourquoi tout le monde veut savoir qui est né le premier ? Et pourquoi certains demandent même l’écart de temps ? Ils pensent vraiment que ça fait un grand et un petit frère ?
Deux jours sur deux semaines
« Il n’y avait que le téléphone fixe qui passait et vers midi je l'ai entendu sonner. »
J'allais sur mes 13 ans et les vacances d'été venaient de débuter. J'étais pour deux semaines dans un chalet dans les Pyrénées, il n'y avait que le téléphone fixe qui passait et vers midi je l'ai entendu sonner. Ma mère a dit qu'elle répondait et elle m'a fait partir dans la pièce d’à côté. Je savais que ça allait mal entre mes parents car ils se disputaient beaucoup et souvent mon père ne rentrait pas à la maison. Pendant toute leur discussion téléphonique, j’entendais ma mère crier et pleurer et quand elle eut raccroché elle nous fit rentrer dans sa chambre ma sœur et moi. Elle pleurait et entre deux sanglots nous a dit que mon père la quittait et qu'il ne vivrait plus avec nous. Sur le moment j'étais choqué et je n’arrivais plus à réfléchir à quoi que ce soit. Ma sœur âgée de deux ans de moins que moi s'est mise à pleurer, ma mère l'a prise dans s'est bras et là, je me suis mis à pleurer toute les larmes de mon corps. Je suis sorti du chalet et j'ai couru me réfugier seul dans la cabane que j'avais construite avec mon père. Je suis resté là tout l’après-midi. Le soir nous en avons discuté ma mère, ma sœur et moi et nous n'en n'avons plus parlé de toutes les vacances. Aujourd’hui dans mes heures perdues je m'imagine ce qui serait arrivé s’ils s'étaient aimés jusqu’au bout et ça me fait du bien.
Fidélité...
Elle veut y croire, que l'amour réel au sein d'une famille existe.
Disons que ça a commencé en CM2, elle s'est réveillée la nuit, à neuf ou dix ans, à 3h du matin, elle a entendu ses parents parler et sa mère dire : « Tu t'en doutais pas du tout pour Claude ? », son père répondre quelque chose qu'elle n’a pas entendu. Et sa mère enchaîner avec « Ce serait mieux si on était fous d'amour sans enfants ». Elle, elle a juste compris « Ah oui, je te trompe !» et « Pourquoi on a fait des enfants au fait ? ». Autant dire que cela peut blesser. Elle n'en a parlé à personne, pas même à ses frères et sœurs. C'est vrai, elle n'a jamais vu ses parents s'embrasser, jamais le moindre signe d'affection. La seule fois où son père a appelé sa mère « ma puce », c’était un pari lancé par le voisin.
Quelques années plus tard, alors qu'elle cherchait des cartes avec sa sœur, Lætitia, dans leur maison de vacances, leur mère refusa catégoriquement qu'elles cherchent dans son armoire. Évidemment, une fois leur mère partie chercher le pain, elles ont regardé et sont tombées sur des pilules et des préservatifs. Alors que leur père n'avait pas pris de vacances. En revanche, Claude lui était venu. Elle n'a pas tout de suite expliqué à Lætitia parce qu'elle ne voulait pas lui faire de mal. Mais lorsque Lætitia a fait remarquer à quel point leur mère pouvait être mièvre quand Claude était dans les parages, elle lui a tout raconté. Elles n'en ont pas parlé à leur mère et plus entre elles non plus. Lætitia a simplement dit qu'elle pensait ne pas être capable de tomber amoureuse à cause d'eux.
À chaque fois que Claude venait chez elles, elles étaient froides et un jour où elle était énervée parce que Claude n'avait pas enregistré un travail qu'elle faisait sur des photos, elle se montra encore plus désagréable au point que, le lendemain, sa mère voulut qu'elle ne sorte plus qu'une fois par semaine. Énervée, elle a tout expliqué. Sa mère a dit que ce n'était pas un secret, que leur père savait depuis longtemps. Elle s'expliqua : elle ne souhaitait pas ne pas avoir d'enfants ; pour elle « la fidélité, c'est la présence ». Elle ne lui en a plus reparlé. Inutile selon elle. Sa sœur en a beaucoup voulu à sa mère ; en plus, Claude est son parrain, la blague. Mais sa sœur, qui a eu du mal à l'accepter, dit aujourd'hui qu'elle a pu détester sa mère pour sa plus grande qualité : le fait qu'elle soit restée avec la famille malgré tout. Autant dire qu'elle, elle n'est pas d'accord avec ça.
Depuis, elle fait son hypocrite quand Claude vient, et supporte. Même si elle a l'impression de ne plus exister, lorsqu'il est là. Et surtout lorsque sa mère est là une semaine sur deux pour aller jouer à l'infirmière dans un trou paumé en Touraine, parce que Claude s'est fait opéré de la prostate. Au moins, ils ne coucheront plus ensemble.
Elle a une vision tellement bizarre du couple, les parents sont sensés représentés l'amour pour leur enfant non ? Raté pour elle en tout cas. Un couple fidèle, est-ce que ça existe ? C'est ça son but, se le prouver à elle-même.
Les parents de la plupart de ses amis sont séparés, le couple qu'elle admire le plus est celui des parents de son copain, mais même s'ils s'aiment, tout n'a pas été rose car le père a couché avec la mère du meilleur ami de son copain. Alors, elle ne croit pas toujours à une histoire heureuse. Oui, à présent ils sont bien heureux ensemble, mais ils ont détruit ce garçon qui s'est renfermé dans ses jeux jusqu'à tomber amoureux, et ça n'a pas été drôle pour lui, loin de là. Ce qui fait qu'avec lui elle veut y croire, que l'amour réel au sein d'une famille existe. Un jour.
Séparation
« Il était passé par tout, mais la seule vérité dont il était sûr est qu’il devait laisser ses parents gérer leur histoire et lui se concentrer sur sa vie. »
C’était en hiver, pendant la période ou se passait son anniversaire. Il avait à peine 7 ans lorsque ce moment arriva. Tous les jours, il était habitué à rentrer avec sa mère, goûter, travailler en attendant la venue de son père : cela se passait sur les coups de 19h30.
Mais ce soir n’était pas comme les autres, il ne vit pas son père de la soirée. Avec son frère, ils étaient habitués à ce que leur père les aide à s’endormir. Lui, contrairement à son frère, il lui manquait quelque chose. Alors vers 22h, il se leva pour aller questionner sa mère, pour savoir ce qui se passait avec son père et la seule réponse que sa mère avait pu lui donner est : « ton père travaille plus tard que d’habitude, VAS TE COUCHER ! ». Le lendemain, il remarqua la même scène, l’absence répétée de son père, et il comprit que peut-être il ne reviendrait plus. Le soir-même, sa mère après s’être disputée avec son frère, lui avoua la vérité : ses parents ne s’aimaient plus, et surtout son père était parti. Il fonça alors dans sa chambre en sanglots. Il eut alors un sentiment d’angoisse d’être sans son père et un sentiment de pitié envers sa mère : pour lui son père avait abandonné ma mère.
Cette année 2005 passa alors sans autre changement, mais l’année suivante, il dut faire face à un choix, un simple choix, vivre avec sa mère ou avec son père. Un choix simple mais néanmoins très difficile à trancher.
De son entrée en CP, jusqu'à la troisième, il commença une nouvelle vie avec sa mère. De très nombreux bons moments comme de très mauvais, il en vécut ; des disputes aussi, nombreuses dont certaines, il le sentait, étaient remplies de rancunes. Malgré son air imbécile, il comprenait sa mère comme personne d’autre, il savait que cela finissait toujours sur la pensée que son père était mauvais, qu’on ne devait pas vivre avec lui, que c’était un voleur…et d’autres choses encore. Par contre, la seule parole qu’il retenait et que lui ne comprenait pas, était un certain questionnement sur l’argent.
Il avait vécu, sa tendre enfance dans l’idée que son père était un voleur et qu’il les avait abandonné.
Arriva alors la fin de la classe de troisième, la période où il avait percuté, où il connut enfin la stricte vérité. Il avait appris des choses inimaginables concernant ses parents. Du coup, depuis l’année de seconde, il décida de faire un second choix et de vivre chez son père.
Il vécut alors une année extra-ordinaire tantôt baigné dans la drogue tantôt dans les disputes répétées… Une année où il dut faire face à son passé, dur, mais il l’affronta.
Durant cette année de seconde, il savait que ses parents s’inquiétaient pour lui, il ne les comprenait pas toujours ; pour lui leurs choix étaient souvent injustifiés, étaient une punition. Ce qui est sûr, c’est qu’il aimait ses parents et que l’inverse était presque certain.
Ce gosse se considérait comme une merde mais le grand espoir qu’il avait et qui faisait de lui malgré tout une personne bien est qu’il avait enfin compris bien des choses : il avait fait n’importe quoi dans son passé, les mauvais choix, il était passé par tout, mais la seule vérité dont il était sûr est qu’il devait laisser ses parents gérer leur histoire et lui se concentrer sur sa vie. Sa vie, c’était la sienne avec la seule chose qui lui permettait d’avancer : sa famille, chose irremplaçable, les seules personnes derrière lui pendant les moments durs. Ca il l’avait compris, et il les remercie.
Le jour où je voulus regarder « Hulk »
« Je disais que je préférais avoir un petit frère qu’une petite sœur pour avoir un compagnon de jeu, mais en vérité je voulais rester fils unique. »
« Ta mère est enceinte depuis 2 mois, tu vas avoir un frère ou une sœur ». Voilà les paroles que mon père a prononcées quand j’avais 6 ans, pour m’annoncer la venue d’une nouvelle personne dans la famille. Je ne croyais pas cette nouvelle, je ne sais pas pourquoi mais je pensais que mes parents me faisaient juste une blague. Au bout de quelques heures, à l’heure du dîner, je me rendis compte que ce n’était pas une blague, ma vie allait changer. Je ne serais plus fils unique. Je ne sais plus quand j’ai appris que le bébé serait une fille, que j’aurais une sœur mais par contre, je me souviens qu’au début je ne voulais pas en avoir. Je disais que je préférais avoir un petit frère pour avoir un compagnon de jeu, mais en vérité je voulais surtout rester fils unique.
Le jour après que ma mère a accouché, mon père et moi sommes allés voir ma mère et ma sœur. Mon père est allé me chercher à la sortie de l'école. Je ne voulais pas tellement y allé, je voulais rentrer chez moi pour aller regarder « Hulk ». A l’hôpital, je vis ma mère tenant dans ses bras ma sœur. C'était un moment vraiment spécial, je sentais la joie qui remplissait la salle. C'était un moment unique, pour la première fois je voyais un bébé mais surtout pour la première fois je voyais ma sœur, la fille qui restera avec moi tout au long de ma vie avec qui je devrai tout partager (surtout la télé) et que je devrai protéger. Donc nous sommes restés avec elles mais je voulais encore rentrer à la maison pour regarder « Hulk ».
Ensuite, ma mère est rentrée de l’hôpital. J’ai dû dormir avec ma sœur dans la même chambre. Mes parents et moi n’arrivions pas à dormir, car chaque nuit elle nous réveillait, elle pleurait tout le temps. Cela a duré pendant 2 ou 3 ans. Les nuits étaient longues et difficiles. Mais maintenant tout va mieux chacun de nous à sa propre chambre, les nuits sont désormais calmes et paisibles.
Le 21 mai 2014
Une situation en suspens
« Les devoirs, les sorties et le reste des choses qui ponctuent la vie d’un adolescent. »
Tout a commencé en avril 2010, pendant les vacances de Pâques. Mes parents m’avaient préparé un voyage surprise en Martinique. J’étais dans l’euphorie de cette nouvelle. Je n’avais rien vu venir.
Depuis pas mal de temps, la relation entre mes parents était plutôt compliquée... Pendant les vacances, tout se déroulait enfin, paraissait se dérouler de manière parfaite, l’hôtel, la plage, la plongée ; rien ne clochait. Jusqu’à un après-midi, où je suis rentré de la plage et en enclenchant la porte de la chambre, des cris se mêlaient à des pleurs. Des insultes fusaient, je suis entré dans ma chambre et continuais à percevoir cette dispute.
Depuis ce moment là, leur relation était nuancée ; les périodes de disputes s’enchaînaient avec des périodes calmes et amoureuses. Une complicité avec ma mère s’installait tandis qu’une « distance » avec mon père commençait à se créer.
Jusqu’en quatrième, mes parents se supportaient toujours. Mais la tension permanente à la maison n’était plus tenable. De plus, avec les caractères explosifs et insolents de ma sœur et moi, à l’école comme à la maison, la situation devenait insoutenable. Alors, cette complicité avec ma mère s’estompa peu à peu alors qu’au contraire, elle en créait une avec ma sœur.
Petit à petit, mes résultats scolaires se dégradaient, mon comportement s’aggravait.
Alors, en cette année 2014, la décision a enfin été prise. Cette décision cruciale. Le divorce. Après 22 ans de vie commune et de multiples querelles, ils avaient enfin opté pour, à mes yeux, la meilleure des solutions.
Désormais, un sérieux problème se posait : avec un père strict et beaucoup plus à cheval sur les devoirs, les sorties et le reste de choses qui ponctuent la vie d’un adolescent contre une mère de son côté qui elle est plus laxiste mais qui ne pense pas pouvoir gérer un garçon de mon âge avec un tel tempérament. Ajouté à cela ma situation scolaire compliquée à cause du manque de conviction et de travail, ma situation reste en suspens.