Vivre en société
« Certains disent qu’il faut être soit même et ignorer les avis des autres. Cependant quand on est jeune, on se sent obligé de prendre exemple sur une personne proche qui nous impressionne. »
J’aimerais, par ce récit, faire comprendre aux gens qu’il est difficile de s’imposer dans la vie, de se trouver une personnalité ou encore un but à atteindre. Certains disent qu’il faut être soi-même et ignorer les avis des autres. Cependant quand on est jeune, on se sent obligé de prendre exemple sur une personne proche qui nous impressionne. Dans mon cas, il s’agit de mon grand frère.
Mon frère est un étudiant, de sept ans mon ainé et m’a toujours inspiré. Quand j’étais plus jeune, il avait plein d’amis qu’il me présentait et allait à des fêtes où parfois il m’emmenait. Mon frère jouait au basket-ball depuis plusieurs années, il remporta même un tournoi régional. Je venais d’entrer au collège où je ne connaissais encore personne. J’appréhendais cette rentrée, et de peur que les autres rejettent ma personnalité, j’ai imité celle de mon frère.
Ainsi, afin de suivre la lignée de mon frère et d’être « populaire » dès mon arrivée, je me suis mis à pratiquer le même sport que lui. Je le voyais comme un modèle, un exemple à suivre et ainsi je m’habillais et me comportais comme lui. Au-delà du fait d’être apprécié, je voulais aussi être aimé par des filles comme je l’étais en primaire. Cette expérience me fit tomber dans un engrenage car je ne pouvais plus y échapper. Je ne me sentais pas à mon aise avec ces nouvelles connaissances. En réalité, nous ne partagions aucun point commun : parfois je ne comprenais même pas les discussions. Je me sentais comme un caméléon qui changeait de comportement en fonction des proies auxquels il souhaitait plaire. Ainsi, les jours passèrent et je me sentais de plus en plus accepté par ces personnes que je connaissais à peine et pourtant, je donnais tant d’importance à leur jugement.
C’est sûrement grâce à l’âge et à la maturité qui va avec que j’ai pu comprendre qu’il est préférable de plaire à peu de personnes mais qui nous sont proches qu’à beaucoup de gens que l’on ne connaît à peine et qui ne seront sûrement pas présents quand on aura un problème. Cette histoire m’a finalement permis, en voulant faire comme mon frère de m’impliquer dans ma scolarité et de découvrir un sport qui est devenu une de mes passions. Encore aujourd’hui, ironiquement, je suis encore inconsciemment le parcours de mon frère qui était dans ce même établissement et qui faisait lui aussi partie de l’équipe de basket-ball. Aujourd’hui, avec les années qui passent, je ne suis malheureusement plus aussi proche de mon frère que je ne le fus et j’espère que lorsque je lui ferai lire ceci, nous rirons ensemble comme avant.
Les enfants
‘‘ Que les enfants sont méchants ! ’’
Avril 2007 - Cour de récréation.
J'ai du temps à perdre. C'est l'heure de la récréation, et je me retrouve tout seul. Alors je me mets à rêver : des chevaliers, des grandes aventures, des combats ! Mais après plusieurs semaines à essayer de passer le temps ainsi à chaque recréation, l'inspiration manque, c'est pire que les programmes culturels sur France 4.
Alors je trouve un autre sujet de réflexion. Je me dis "Que les enfants sont méchants !" et je suis heureux de ne pas faire partie de leur groupe minable et intolérant. Qu'ils doivent me détester pour m'exclure ainsi ! Que je suis heureux, alors, de ma hauteur, et de mon dédain !
Dommage que personne ne me haïsse vraiment. Je ne peux pas me mettre en colère, je ne peux m'attaquer à personne. J'aimerais pourtant. Il y a bien ces deux petits qui sont amusés à me bousculer deux ou trois fois, mais depuis que j'ai écrasé le goûter de l'un d'eux, ils ne viennent plus m'embêter. Dommage.
Mais je ne me sens pas seul, je n'ai besoin de personne ! Ils ne font pas attention à moi, eh bien, voilà encore une preuve de leur méchanceté, n'est-ce pas ? Moi aussi pourtant, je les méprise, je les regarde de haut, pourquoi ne s’intéressent-ils donc pas à moi ?
22 /05/2014
A contre temps
« Ma mère eut une idée assez folle »
A la sortie de l’école, mon père venait me chercher comme tous les jours. Ce jour-là j’étais assez excité et mes parents au contraire étaient fatigués de leur journée de travail. En me regardant dans le salon, ma mère eut une idée assez folle, celle de m’inscrire à un cours de danse. Il faut savoir qu’à 7 ans, je faisais déjà du judo et de la batterie. Je ne sais pas comment cela a pu arriver mais c’est arrivé. J’étais dans un cours de danse au milieu d’une dizaine de filles. Mon père comme à son habitude rigolait en assistant au cours. J’étais en jogging. Moi, naïf je pensais retrouver des copains mais la seule personne que j’ai retrouvé par hasard était ma meilleure amie, Johanna. Celle-ci comme toutes les autres avait l’habitude d’exercices de souplesses alors que pour moi c’était une première. Je me rappelle un en particulier, c’était celui de mettre la jambe sur la barre. Comme le disait ma famille, je suis une planche de bois et je n’ai pas réussi à lever la jambe suffisamment haut. Durant le cours Johanna s’est fait un plaisir de se moquer de moi. Une fois rentré à la maison j’ai dit à mes parents que je ne voulais plus y aller. Ma demande ne les a pas étonnés et mon père dans une ultime moquerie m’a dit « Ah bon, je pensais que tu avais aimé ! ». Depuis ce jour, je n’y suis plus jamais allé.
Maintenant, je n’ai plus 7 ans mais cette histoire s’est forcément ébruitée auprès de mes amis, qui s’amusent à me rappeler ce cours de danse que Johanna s’était fait un plaisir à raconter. Cela ne me dérange pas au contraire j’en rigole encore avec eux, mais par contre Johanna est persuadée que j’étais en « collant » et ça, je ne l’accepte pas puisque c’est faux.
Statue figée dans le temps
« On dit que les jeunes de 12 à 17 ans, les « adolescents » sont souvent déstabilisés et ont besoin d’un soutien moral tel que la famille ou l’école. »
C’est quoi l’adolescence ? C’est avoir des amis et passer du bon temps avec eux ? Ou ne dépendre et vivre que pour ses parents ? Je me suis toujours posée un tas de questions qui ont uniquement des réponses déjà fixées. L’adolescence : C’est la tranche d’âge entre 12 et 17 ans. ». Je l’ai trop souvent entendue, cette phrase. Je vais raconter ce que je vis, et vous verrez, « adolescence » est un mot qui n’est pas dans mon lexique.
Depuis toujours, j’ai vécu à Maisons-Alfort en France. Mes parents sont tous les deux immigrés et ont très bien réussi dans ce pays. Du coup depuis toute petite, ils ont porté beaucoup d’espoir sur ma sœur aînée et moi. Comme la plupart des enfants, je suis allée à l’école cinq jours sur sept et j’ai été obligée de me séparer de mes parents pour côtoyer d’autres enfants de mon âge.
Tout cela paraît « normal » puisque des millions d’enfants ont suivi cette route, mais si je rajoute certains détails, tout le récit deviendra différent. En grande section de maternelle, ma mère m’apprend à lire, à écrire et à compter en me disant que cela faciliterait mes prochaines années pour que je ne « patauge » pas comme ma sœur. Elle me mit ensuite en tête, les années qui suivirent, qu’il fallait que j’obtienne mon Brevet avec la mention Très Bien, que j’aille en Première Scientifique, puis que je prenne la spécialité Mathématiques –ma mère a toujours rêvé d’être professeur de mathématiques, elle pouvait mais ne l’a pas fait- et pour mettre la cerise sur le gâteau, mes deux parents (oui, les deux pour une fois) rêvent que je devienne médecin ou que j’intègre une grande école (le rêve de tous les parents en gros). Ils m’ont donc fait étudier durant de longues heures chaque jour et m’ont poussée à atteindre la perfection. Les enseignants m’adoraient, mes parents, eux par contre ne m’ont jamais félicitée à chaque fois que je ramenais un A, un soleil ou un 10. Je n’ai presque jamais connu de câlin lorsque je ratais un devoir, ni même le goût du bonbon lorsque je réussissais quelque chose de difficile. Comme si je ne méritais rien.
En parallèle, plus les années passaient, moins mes amis, mes camarades de classe étaient agréables à mon égard. Le mot « intello » me tombait dessus, les soupirs d’exaspération soufflaient dans mon dos à chaque fois que je trouvais la bonne réponse ou que j’avais la meilleure note. Tout a réellement commencé en CM1. J’avais neuf ans et bientôt dix, au moment où la belle saison était déjà présente. J’avais encore les meilleures notes à chaque devoir, quelle que soit la matière (le sport est une exception). Alors que j’avais l’habitude de fréquenter quelqu’un, Félix (appelons- le ainsi), Bobby, la fille la plus influente de la classe, avec qui je m’entendais bien m’a empêché d’aller le voir. D’autres enfants l’avaient rejoint et un écho de « Ouais dégage ! » gronda à mes oreilles. Voir tout le monde se retourner contre moi m’a fait un choc. J’ai connu l’isolement, la sensation de n’avoir pas le droit de jouer à la balle américaine voire simplement d’observer un match. Mes parents ne savaient pas qu’on m’écartait à cause de ce qu’ils m’inculquaient ou même du sang qu’ils m’avaient transmis.
Une fois entrée au collège, je pensais que tout le monde avait mûri… Mais c’est faux. Tous les gens de mon entourage étaient comme les adolescents moqueurs et méprisants des films américains. Je n’arrivais pas à me faire de nouveaux amis pour remplacer tous ceux qui m’avaient déçue. J’étais « trop intello » pour eux et je ne connaissais rien sur les goûts actuels, comme en musique. J’ai vécu dans cette prison en n’ayant écouté que de la musique classique, à cause de mes parents. Quasiment tous les jeunes de mon âge écoutent de la musique américaine et en vantent les mérites. « De la vraie musique », disent-ils ! Par agacement de tout ce que j’entends, j’ai choisi de me rabattre sur la culture rivale, la culture nippone. Après, je me suis encore plus retrouvée dans la solitude. J’étais allée jusqu’à acheter des amis pour ne pas paraître trop seule : j’achetais à manger pour ces personnes, je portais leur sacs, je payais tout leur loisirs en croyant qu’ils étaient vraiment « pauvres »… Tout avec mes économies depuis la primaire… 180€ au total… Le prix à payer pour avoir des amis superficiels pour deux mois. Mes parents voulaient que je sois comme tout le monde, mais ce « tout le monde », il est beaucoup trop terrifiant.
A vrai dire, j’ai voulu essayer d’être comme les autres jeunes de mon âge, de profiter de la vie. J’ai donné alors comme argument à mes parents : « Je suis ado. ». J’avais onze ans. Ils éclatèrent de rire et me dirent que j’étais trop jeune. A douze ans, ce fut le même cirque, tout comme à treize, puis quatorze ans. Comme objection, ils me dirent : « Arrête de penser ainsi ! Le collège est décisif pour ton orientation, tu n’as plus le temps de t’amuser ! Il fallait le faire en primaire ! ». Justement, en primaire, j’ai passé ma vie à étudier contre mon gré. Alors… Quand m’amuser ? A chaque fois qu’un ami voulait m’inviter quelque part, même si j’avais fini tout mon travail, ma mère trouvait une excuse bidon pour m’en empêcher. J’essayais de dire que c’est faux, mais à chaque fois on me réduisait au silence par la violence comme depuis toujours. J’aurais très bien pu demander de l’aide ou m’enfuir, mais je risquais pire. A chaque fois, on m’amadouait pour que je reste docile en m’offrant quelques cadeaux. Tous mes mérites tels que tous les concours de violon que j’ai remporté haut la main, tous les concours de dessins auxquels on m’avait défendue de participer mais que j’ai gagnés, tous les prix d’études que j’ai reçu tels que l’AMOPA ou en me classant 2nde de tout le collège au Big Challenge en étudiant seule, on ne m’a jamais félicitée ou récompensée. Tout ce que j’ai fait pour entendre un simple « Oh bah de toute façon, c’est grâce à moi. » de ma mère et l’entendre vanter mes mérites auprès des autres mères, c’est comme être une bête de foire maltraitée, durement entraînée pour être présentée au grand public, et dont on félicite le maître. A chaque fois que je ratais quelque chose, on me punissait et on me traitait d’imbécile parce que selon mes parents, c’est seulement grâce à eux si je ne suis pas stupide par rapport aux autres.
Comme je suis toujours sous l’emprise de mes parents, les autres élèves me voient comme une « fille à maman ». J’ai souvent été victime de ces discriminations en plus de celles dues à mes origines. Dans de nombreux livres, on dit que les jeunes de 12 à 17 ans, les « adolescents » sont souvent déstabilisés et ont besoin d’un soutien moral tel que la famille ou l’école. Je n’ai ni l’un ni l’autre. Tout ta comme ma grande sœur, je vais devoir serre les dents pour pouvoir passer cette tranche d’âge. Elle a déjà essayé de se rebeller, mais elle a été privée de liberté d’expression et de vie privée par nos parents, tout comme moi d’ailleurs, qui ne peut plus rien cacher aux parents puisqu’ils fouillent tout le temps mes affaires et m’obligent à tout raconter (ils vont jusqu’à lire dans mon journal intime et fouiller ma table de chevet!). Je suis d’ailleurs privée de presque tout. Le lycée, souvent considéré comme les meilleures années, ne seront rien pour moi puisque « je devais m’amuser au collège ». N’avoir rien pu choisir dès mon plus jeune âge me jouera sûrement des tours plus tard, pour ne pas avoir vécu dans le même temps que les autres jeunes de ma génération, ainsi que de n’être qu’une statue figée dans le temps.
Le 17 avril 2014
Joindre l’inutile à l’agréable
« Ecrire un témoignage ? On ne sait jamais qui va lire nos témoignages, je n’aime pas déballer ce que je pense comme ça par écrit, c’est comme faire la conversation à un mur, non, moi je préfère parler face à face à quelqu’un. »
Il faut dire qu’il savait apprécier la vie, il aimait ses surprises, ses bonheurs malheureux et ses malheurs heureux. Bien sûr, il me disait qu’il avait des choses dont il pourrait se passer, comme mentir tout en écoutant les mensonges des autres ou bien écouter des gens déblatérer leurs paroles volatiles. Il répétait souvent que s’il le pouvait, il éviterait de perdre son temps à écrire pareilles bêtises, le pire qu’il disait, c’était de savoir que d’autres les liront. « Ecrire un témoignage ? On ne sait jamais qui va lire nos témoignages, je n’aime pas déballer ce que je pense comme ça par écrit, c’est comme faire la conversation à un mur, non, moi je préfère parler face à face à quelqu’un. »
Mais il déclarait à maintes reprises que tout cela n’était que poussière par rapport à la joie que lui procure chaque jour. Il aimait s’amuser, manger, rire, il disait que tous ceux qui n’aimaient pas rire méritaient de se taire. Il s’amusait à imaginer un monde meilleur que celui-ci. Il aimait le travail, seulement lorsqu’il était utile. « J’aime les vies bien faites, mélange de découvertes, de curiosités, d’amitié, le plus important étant de leur donner un sens » Il aimait la vie, il aimait sa vie, parfois celle des autres, avec ses avantages et ses inconvénients. « Si on nous a offert une vie, c’est bien pour la vivre, tu continues la route jusqu’à tomber sur un mur, mais là, il n’y a pas moyen de revenir sur tes pas, si t’es pas capable de grimper le mur, alors tu restes en bas… »
Mai 2014