Adolescence
Au bout de deux semaines et demie
« Je ne sais pas trop comment ça s’est fait mais tout ce que je sais c’est que je l’ai aimée du jour au lendemain. »
Je l’aimais et je l’aime toujours. Au début, je suis tombé amoureux d’elle. Je ne sais pas trop comment ça s’est fait mais tout ce que je sais c’est que je l’ai aimée du jour au lendemain.
J’ai commencé à lui parler mais je n’osais pas le lui dire. Un mois, non deux, je ne sais plus, se sont déroulés avant que j’ose lui demander de me rejoindre dehors. On s’est assis sur un banc, on a discuté de tout et de rien et au final je l’ai embrassée. Cela a duré une ou deux heures. Je pensais qu’elle m’aimait mais à la fin, elle m’a demandé si je l’aimais. J’ai dit « Bien sûr que oui » mais elle m’a répondu « Moi je ne suis pas sûre de t’aimer ». J’étais confus mais au final j’ai continué à l’embrasser.
Le lendemain, je l’ai invitée à se promener avec moi à Vincennes. Nous nous sommes assis près d’un lac et la journée s’est passée comme la précédente, elle ne se décidait pas à sortir avec moi.
J’en ai parlé à mes amis, ils me disaient que j’étais un « plan cul » pour elle mais j’affirmais que non. Ensuite ils ont essayé de m’aider, ils ont parlé à ses amis à elle. Les miens comme les siens essayaient de faire avancer les choses, de la faire changer d’avis.
Un jour elle m’a même présenté à son meilleur ami car il voulait me rencontrer. Enfin, environ deux semaines et demie après notre premier baiser nous avons mangé ensemble puis nous sommes partis à Vincennes. Une fois là -bas, on s’est assis sur un banc, je lui ai demandé une réponse car je n’en pouvais plus d’attendre et elle ma répondu « Je t’ai présenté à mon meilleur ami et je ne présente que mes amoureux à mon meilleur ami ». J’ai dit « Est-ce que ça veut dire oui ? » elle m’a répondu « Oui » et je l’ai embrassée.
Aujourd’hui je suis encore avec elle et je ne regrette pas de m’être lancé à lui voler ce premier baiser.
22/05/2014
Changer
« Toutes ces sensations, il ne faut pas qu’elles s’effacent avec le temps. En devenant adultes, on doit garder cette sensibilité, parce qu’elle symbolise notre humanité. »
D’aussi loin que tu te souviennes, on t’a toujours dit que le lycée amenait la liberté, un renouveau intérieur. Au lycée, tu découvres l’amitié, l’amour, mais aussi le stress, la peur de l’avenir, d’être jugée. Tous les sentiments arrivent en se bousculant.
Contrairement à ce que tu penses, tu n’es pas si différente. C’est là que tu réalises que non, tu n’es pas si seule, si bizarre. En rencontrant de nouvelles personnes, tu comprends que les gens sont variés, mais que partout, tu peux trouver des personnes qui te feront te sentir mieux, et vivante : à ta place.
Tu es tombée amoureuse. C’est un grand mot, hein ? Ça fait peur. Tu as l’impression que personne autour de toi ne peut comprendre ce que tu éprouves. C’est terrifiant, parce que tu as la sensation de toujours tout ressentir dix fois plus fort, d’exagérer en continu tes émotions, parce que d’une simple sensation, tu crées tout un univers. Alors évidemment, en le rencontrant, c’est ta façon de voir les choses qui a changé.
Tu as subi des rumeurs, aussi. Le mépris, la mauvaise réputation, jamais tu n’aurais imaginé en être la cible. Tu croyais que le lycée amenait la maturité. Ô combien tu as eu tort… Ici, tu ne peux t’accorder la moindre erreur, parce qu’elle ne restera pas secrète, au contraire. Si tu te trompes, ça tournera, ça sera déformé. Il suffit d’un acte stupide, non contrôlé, et dès le lendemain, tout le lycée sera au courant. Les gens se racontent tout, ta vie est présentée à tout le monde. Ils changent la vérité, mentent pour te blesser. Tu te retrouves avec une image collée au front, pas complètement fausse, mais douloureuse. Du jour au lendemain, tu passes de l’anonymat à la fille qui a brisé le cœur de sa meilleure amie, celle qui ne pense qu’à elle et couches avec le premier venu. Pourtant tu n’as rien fait… On parle de toi comme d’une « pute ». Le mot est cru, mais faible comparé à tous les commentaires des autres. Des gens viennent te voir pour te dire qu’ils savent ce que tu as fait. Mais qu’as tu réellement fait ? Peu leur en importe. Tu sens au quotidien les regards sur toi, tu entends des insultes qui suivent ton passage… Et puis, tout doucement, tu deviens paranoïaque. Quand tu rentres chez toi le soir, tu pleures en marchant dans ta solitude, parce que tu dis que personne ne compatit, que t’as « merdé » sur toute la ligne. Les gens que tu croises n’ont pas un sourire pour toi, pas un regard chaleureux. Au contraire, la froideur inexpressive de leurs visages te brise. A la maison, tes parents sentent bien que quelque chose ne va pas, seulement tu ne peux pas leur expliquer ce que tu as fait, ce que tu vis ; et tu t’éloignes d’eux. Comme ils ne comprennent pas, ils t’engueulent pour ne pas voir ton mal-être.
C’est là que tu as été sauvée. On en rajoute des couches quand on est adolescent… Mais sans tes amies, sans lui, tu te serais complètement refermée sur toi-même, convaincue que ceux qui te haïssaient avaient raison. C’est facile de se sentir minable, ça l’est moins de remonter la pente de l’estime quand tu l’as descendue à toute vitesse. On t’a aidée, et tu as compris que l’amour qu’éprouvent les jeunes ne doit pas être perdu. Toutes ces sensations, il ne faut pas qu’elles s’effacent avec le temps. En devenant adultes, on doit garder cette sensibilité, parce qu’elle symbolise notre humanité.
Et puis, à côté de cela, il y a tellement d’autres événements qui viennent te bousculer…
Tu toujours été sûre de vouloir devenir architecte, c’était devenu ton rêve, mais aussi celui de tes parents. Là est l’erreur… Ce n’est plus le tien. Tu as mis du temps à t’en rendre compte.
Les cours, ça ne suivait plus vraiment. Tu ne travaillais plus, incapable de te concentrer. Tu as toujours eu peur de l’avenir, tu n’arrives pas à te projeter, à faire un choix unique et t’y tenir. Au lycée, tu as l’impression que tu dois accélérer, sans quoi tu vas être dépassée. Dans ces moments-là , tu aurais aimé te sentir soutenue par tes parents, sauf que ça a été le contraire. Ils t’ont effrayée encore plus. Un soir, vous commencez à crier. Tu es en larmes, tu n’en peux plus de toute cette pression, de cette atmosphère qui t’étouffe. Tu tentes de leur faire comprendre que tout va mal pour toi, mais ils sont sourds, aveugles. Ils te reprochent tout. Tes notes, ton comportement, ta dernière soirée qui a mal tourné selon eux, tout y passe. Et toi… Toi tu exploses. Tu veux partir, t’enfermer dans ta chambre, mais ils ne te lâchent pas.
Au fond, tu crois qu’à leur façon, ils cherchaient juste à t’aider, à te motiver. Seulement, ils ne voient pas les choses de la même façon que toi. Tu t’étais toujours sentie proche d’eux, mais tout cela vous a éloigné brutalement. Parce qu’au delà des notes, tu penses que le problème, c’est qu’ils ne veulent pas te voir grandir différemment de leurs espérances, comme beaucoup de parents au fond. Tu ne veux pas les décevoir, pourtant c’est la sensation qu’ils te donnent parfois, sans tomber dans le cliché de l’adolescent incompris de ses parents, en rébellion contre eux… Tu aimes tes parents, jamais tu ne pourrais avoir l’envie de leur déplaire, de ne plus leur parler, sauf qu’au quotidien, ils se comportent comme si c’était ce que tu désirais.
Alors oui, tu as changé. Ca fait peur parfois, de sentir que tu n’es plus la même. Tu espères être devenue mature. Tu as des envies d’indépendances et d’évasion. Tu voudrais faire taire tous ces sentiments qui se bousculent dans ta tête, mais ils font que tu es toi-même aujourd’hui.
Ces neuf mois ont été les plus riches en émotions que tu as pu vivre. Au fond, l’adolescence que tu vis là est pleine de petits événements qui te changent profondément. C’est peut être ça que l’on appelle grandir… Et si, parfois, tu te sens perdue, tu sais maintenant qu’il y aura toujours une solution, des gens à qui s’accrocher. Parce qui que tu sois, il faut savoir que tu n’es jamais complètement seul.
Mai 2014
Dans ma bulle
« Il y a des moments où tout craque. (…) Et puis, elle se souvient. Elle se souvient qu’elle possède quelque chose qui lui fait tout oublier. Un objet magique, qui représente sa passion : la musique. »
L’adolescence vous connaissez ? Oui bien sûr, vous voyez des jeunes écouter de la musique à fond dans le métro, des lycéens perpétuellement penchés sur leurs portables, cigarette à la bouche. C’est sortir les samedis soirs voir ses amis, c’est avoir l’air rebelle, en donnant l’impression de défier la société. Mais l’adolescence, c’est aussi la peur, ne plus savoir où on en est, c’est les grosses disputes avec ses parents, la solitude, la perte de confiance en soi. Eh oui, et puis même si vous êtes passés par là également, vous ne vous en rendez pas forcément compte.
Exactement comme ses parents, qui ne comprennent pas qu’elle grandit, et qu’elle aussi elle a des problèmes, et pas moins important que les leurs. C’est ça le problème en fait. L’impression que les problèmes des jeunes ne valent pas ceux des adultes. Mais elle aimerait que ses parents comprennent que quand tant de choses horribles se déroulent en même temps, tout ne va pas bien. Tout va même très mal. Elle aimerait qu’ils remarquent qu’elle est au fond du gouffre, qu’elle ne sait plus où aller. Elle aimerait que quand ils la voient arriver en pleurant dans le salon, ils lui disent quelque chose. Rien qu’un petit mot, pour qu’elle reste accrochée au point d’ancrage familial. Mais non, ils la regardent, sourient avec un air triste, et ne sachant pas quoi dire, se taisent. Alors, elle se tourne vers ses amis. Des amis en or, ceux qui lui donnent envie de se lever le matin pour aller au lycée. Lieu de l’oubli, où enfin elle peut se voir sourire, s’entendre rire et enfouir tous ses problèmes au fond d’elle-même pour une journée. Ses amis savent, tout le monde sait que tout ne va pas pour le mieux. Et il y a des moments où tout craque. Ces moments quand elle rentre du lycée, et qu’elle se retrouve seule chez elle. Alors tout reprend. Des questions, trop de questions.
Et puis, elle se souvient. Elle se souvient qu’elle possède quelque chose qui lui fait tout oublier. Un objet magique, qui représente sa passion : la musique. Un simple mot pour tant de choses. Alors, elle joue, encore et encore, jusqu’à ne plus penser à rien. Instants merveilleux. Et pendant ces minutes, tout s’évapore. Toutes les questions et toutes les craintes s’envolent en même temps que les notes, et disparaissent dans les airs. Il n’y a plus rien. Que la mélodie qui remplit la pièce. Le don que tout le monde dit enfoui en elle fait surface, et s’empare des ses émotions. Et à défaut de paroles, c’est grâce à la musique qu’elle exprime ce qui reste caché au fond d’elle. Dans les notes qui papillonnent, elle entend sa colère, sa peur et ses peines. Mais elle y reconnait également sa joie, qui parvient malgré tous les remparts à se frayer un chemin. La musique, c’est pour elle un moyen d’entendre ce qu’elle n’arrive pas à dire avec sa voix. Et puis, quand tout est fini, elle se dit qu’en fin de compte, tout ça est inutile. Elle reste la seule à pouvoir comprendre ce qui se passe dans sa tête. Alors, elle retourne dans sa bulle, que personne n’arrive à percer. Sa bulle qui l’enferme seule. Ma bulle.
L’instant d’après
« J’ai pris conscience des choses entre le moment où j’ai vu mon grand père pour la dernière fois et le moment de sa mort»
Il y a une période à l’adolescence où l’on prend conscience des choses. Pour m’expliquer j’ai choisi de raconter deux enterrements. Lors du premier j’avais huit ans. Je ne ressentais aucune tristesse à l’époque, en fait je crois que je ne comprenais pas vraiment ce qu’il se passait, la mort c’était encore abstrait pour moi. Je prenais les choses à la légère, un peu comme un enfant. C’est au moment du deuxième enterrement que j’ai compris, j’avais douze ans. J’ai pris conscience des choses entre le moment où j’ai vu mon grand père pour la dernière fois et le moment de sa mort. Je me souviens qu’au moment de lui dire au revoir il m’a dit : « je t’embrasse fort parce que ce n’est pas sûr que… » Il n’a pas terminé sa phrase. A ce moment, je n’étais pas encore conscient que je n’allais jamais le revoir, je l’ai embrassé et je suis parti comme d’habitude sans me poser de questions. Ce n’est qu’après l’annonce de sa mort que j’ai enfin compris : j’étais devenu mature en quelque sorte. C’était douloureux contrairement à l’époque ou ma grand-mère est morte. L’idée de mort était plus concrète, je comprenais enfin que je n’allais jamais les revoir, eux deux.
Statue figée dans le temps
« On dit que les jeunes de 12 à 17 ans, les « adolescents » sont souvent déstabilisés et ont besoin d’un soutien moral tel que la famille ou l’école. »
C’est quoi l’adolescence ? C’est avoir des amis et passer du bon temps avec eux ? Ou ne dépendre et vivre que pour ses parents ? Je me suis toujours posée un tas de questions qui ont uniquement des réponses déjà fixées. L’adolescence : C’est la tranche d’âge entre 12 et 17 ans. ». Je l’ai trop souvent entendue, cette phrase. Je vais raconter ce que je vis, et vous verrez, « adolescence » est un mot qui n’est pas dans mon lexique.
Depuis toujours, j’ai vécu à Maisons-Alfort en France. Mes parents sont tous les deux immigrés et ont très bien réussi dans ce pays. Du coup depuis toute petite, ils ont porté beaucoup d’espoir sur ma sœur aînée et moi. Comme la plupart des enfants, je suis allée à l’école cinq jours sur sept et j’ai été obligée de me séparer de mes parents pour côtoyer d’autres enfants de mon âge.
Tout cela paraît « normal » puisque des millions d’enfants ont suivi cette route, mais si je rajoute certains détails, tout le récit deviendra différent. En grande section de maternelle, ma mère m’apprend à lire, à écrire et à compter en me disant que cela faciliterait mes prochaines années pour que je ne « patauge » pas comme ma sœur. Elle me mit ensuite en tête, les années qui suivirent, qu’il fallait que j’obtienne mon Brevet avec la mention Très Bien, que j’aille en Première Scientifique, puis que je prenne la spécialité Mathématiques –ma mère a toujours rêvé d’être professeur de mathématiques, elle pouvait mais ne l’a pas fait- et pour mettre la cerise sur le gâteau, mes deux parents (oui, les deux pour une fois) rêvent que je devienne médecin ou que j’intègre une grande école (le rêve de tous les parents en gros). Ils m’ont donc fait étudier durant de longues heures chaque jour et m’ont poussée à atteindre la perfection. Les enseignants m’adoraient, mes parents, eux par contre ne m’ont jamais félicitée à chaque fois que je ramenais un A, un soleil ou un 10. Je n’ai presque jamais connu de câlin lorsque je ratais un devoir, ni même le goût du bonbon lorsque je réussissais quelque chose de difficile. Comme si je ne méritais rien.
En parallèle, plus les années passaient, moins mes amis, mes camarades de classe étaient agréables à mon égard. Le mot « intello » me tombait dessus, les soupirs d’exaspération soufflaient dans mon dos à chaque fois que je trouvais la bonne réponse ou que j’avais la meilleure note. Tout a réellement commencé en CM1. J’avais neuf ans et bientôt dix, au moment où la belle saison était déjà présente. J’avais encore les meilleures notes à chaque devoir, quelle que soit la matière (le sport est une exception). Alors que j’avais l’habitude de fréquenter quelqu’un, Félix (appelons- le ainsi), Bobby, la fille la plus influente de la classe, avec qui je m’entendais bien m’a empêché d’aller le voir. D’autres enfants l’avaient rejoint et un écho de « Ouais dégage ! » gronda à mes oreilles. Voir tout le monde se retourner contre moi m’a fait un choc. J’ai connu l’isolement, la sensation de n’avoir pas le droit de jouer à la balle américaine voire simplement d’observer un match. Mes parents ne savaient pas qu’on m’écartait à cause de ce qu’ils m’inculquaient ou même du sang qu’ils m’avaient transmis.
Une fois entrée au collège, je pensais que tout le monde avait mûri… Mais c’est faux. Tous les gens de mon entourage étaient comme les adolescents moqueurs et méprisants des films américains. Je n’arrivais pas à me faire de nouveaux amis pour remplacer tous ceux qui m’avaient déçue. J’étais « trop intello » pour eux et je ne connaissais rien sur les goûts actuels, comme en musique. J’ai vécu dans cette prison en n’ayant écouté que de la musique classique, à cause de mes parents. Quasiment tous les jeunes de mon âge écoutent de la musique américaine et en vantent les mérites. « De la vraie musique », disent-ils ! Par agacement de tout ce que j’entends, j’ai choisi de me rabattre sur la culture rivale, la culture nippone. Après, je me suis encore plus retrouvée dans la solitude. J’étais allée jusqu’à acheter des amis pour ne pas paraître trop seule : j’achetais à manger pour ces personnes, je portais leur sacs, je payais tout leur loisirs en croyant qu’ils étaient vraiment « pauvres »… Tout avec mes économies depuis la primaire… 180€ au total… Le prix à payer pour avoir des amis superficiels pour deux mois. Mes parents voulaient que je sois comme tout le monde, mais ce « tout le monde », il est beaucoup trop terrifiant.
A vrai dire, j’ai voulu essayer d’être comme les autres jeunes de mon âge, de profiter de la vie. J’ai donné alors comme argument à mes parents : « Je suis ado. ». J’avais onze ans. Ils éclatèrent de rire et me dirent que j’étais trop jeune. A douze ans, ce fut le même cirque, tout comme à treize, puis quatorze ans. Comme objection, ils me dirent : « Arrête de penser ainsi ! Le collège est décisif pour ton orientation, tu n’as plus le temps de t’amuser ! Il fallait le faire en primaire ! ». Justement, en primaire, j’ai passé ma vie à étudier contre mon gré. Alors… Quand m’amuser ? A chaque fois qu’un ami voulait m’inviter quelque part, même si j’avais fini tout mon travail, ma mère trouvait une excuse bidon pour m’en empêcher. J’essayais de dire que c’est faux, mais à chaque fois on me réduisait au silence par la violence comme depuis toujours. J’aurais très bien pu demander de l’aide ou m’enfuir, mais je risquais pire. A chaque fois, on m’amadouait pour que je reste docile en m’offrant quelques cadeaux. Tous mes mérites tels que tous les concours de violon que j’ai remporté haut la main, tous les concours de dessins auxquels on m’avait défendue de participer mais que j’ai gagnés, tous les prix d’études que j’ai reçu tels que l’AMOPA ou en me classant 2nde de tout le collège au Big Challenge en étudiant seule, on ne m’a jamais félicitée ou récompensée. Tout ce que j’ai fait pour entendre un simple « Oh bah de toute façon, c’est grâce à moi. » de ma mère et l’entendre vanter mes mérites auprès des autres mères, c’est comme être une bête de foire maltraitée, durement entraînée pour être présentée au grand public, et dont on félicite le maître. A chaque fois que je ratais quelque chose, on me punissait et on me traitait d’imbécile parce que selon mes parents, c’est seulement grâce à eux si je ne suis pas stupide par rapport aux autres.
Comme je suis toujours sous l’emprise de mes parents, les autres élèves me voient comme une « fille à maman ». J’ai souvent été victime de ces discriminations en plus de celles dues à mes origines. Dans de nombreux livres, on dit que les jeunes de 12 à 17 ans, les « adolescents » sont souvent déstabilisés et ont besoin d’un soutien moral tel que la famille ou l’école. Je n’ai ni l’un ni l’autre. Tout ta comme ma grande sœur, je vais devoir serre les dents pour pouvoir passer cette tranche d’âge. Elle a déjà essayé de se rebeller, mais elle a été privée de liberté d’expression et de vie privée par nos parents, tout comme moi d’ailleurs, qui ne peut plus rien cacher aux parents puisqu’ils fouillent tout le temps mes affaires et m’obligent à tout raconter (ils vont jusqu’à lire dans mon journal intime et fouiller ma table de chevet!). Je suis d’ailleurs privée de presque tout. Le lycée, souvent considéré comme les meilleures années, ne seront rien pour moi puisque « je devais m’amuser au collège ». N’avoir rien pu choisir dès mon plus jeune âge me jouera sûrement des tours plus tard, pour ne pas avoir vécu dans le même temps que les autres jeunes de ma génération, ainsi que de n’être qu’une statue figée dans le temps.
Le 17 avril 2014